• De l'ancien au nouvel orgue de l'église Saint-Nicolas d'Enghien

    Par Jean-Paul Bellin, Président du Conseil de Fabrique de l'église Saint-Nicolas d'Enghien.

     

    Avant la restauration de l’église Saint-Nicolas (1962-1964), les orgues sont placées sur le jubé Renaissance situé au fond de l’église. Suite au dégagement du grand vitrail au-dessus de la porte d’entrée, les nouvelles orgues reprennent en 1964 leur ancienne place dans la chapelle latérale près du choeur, à l’emplacement de l’autel des Trépassés. Quasi tous les anciens tuyaux de l’orgue Schyven y sont repris.

     

    De l'ancien au nouvel orgue de l'église Saint-Nicolas d'Enghien

     

    Très vite, l’orgue réformé par la manufacture d’orgues Thunus de Malmédy montre des signes de faiblesses, de par sa conception et son emplacement, et devient peu fiable. La Fabrique d’église est amenée à solliciter régulièrement différents facteurs d’orgues pour maintenir l’instrument afin d’assurer l’animation du culte et de pouvoir l’utiliser régulièrement pour des concerts.

    Au fil du temps, et notamment à partir de l’année 2000, les problèmes techniques s’accumulent. L’instrument a très mal vieilli et les facteurs d’orgues ne peuvent plus garantir une maintenance correcte vu l’ampleur des pièces à renouveler. Début 2004, la Manufacture d’orgues Schumacher d’Eupen cesse l’entretien annuel de l’orgue pour cette raison. La Manufacture d’orgues Benoit Marchand de Perwez-lez-Haillot prend le relais. En 2004, la Fabrique est sollicitée afin de pouvoir réaliser des travaux d’urgence pour maintenir au minimum l’instrument. Un grand relevage est effectué en 2005.

    En 2013, Benoit Marchand avertit la Fabrique qu’il a été au maximum de ses possibilités de réfection, et qu’il ne désire pas mettre sa réputation en jeu. Le 17 mars, il remet un état des lieux précis pour pouvoir se prononcer sur l’avenir de l’orgue.

    Le Conseil de Fabrique demande également une expertise ià la Commission diocésaine des orgues d’église de l’Évêché de Tournai. Elle remet son rapport le 8 avril 2013.

    Les conclusions des deux analyses sont identiques : restaurer l’instrument serait beaucoup trop onéreux et très peu intéressant du point de vue artistique d’autant plus que les défauts liés à sa conception seraient toujours présents. Seule solution : construire un nouvel orgue.

    La Fabrique affronte un problème majeur, car l’orgue est utilisé pour le culte, des concerts et pour le cours d’orgue organisé par l’Académie de Musique d’Enghien. La fiabilité de l’instrument devient aléatoire.

    L’église décanale se doit aussi de posséder un orgue de qualité. Un nouvel instrument composé de 3 claviers et 36 jeux représente un coût d’environ 800.000 €.

    En 2013, la Fabrique d’église prend contact avec l’Évêché de Tournai afin de trouver des orgues à vendre dans des églises désaffectées.

    Soucieuse de trouver une solution définitive et surtout fiable à très long terme, la Fabrique met le dossier en chantier en envisageant toutes les possibilités et en procédant à de multiples investigations.

    Le bâtiment étant classé, un premier dossier de déclassement de l’ancien orgue est introduit auprès du Département du Patrimoine du Service Public Wallon. Il apparaît très vite qu’aucun subside ne sera octroyé pour l’achat d’un nouvel instrument. La Fabrique étudie dès lors les possibilités financières lui permettant d’acquérir un instrument d’occasion. Il faut vendre une terre pour couvrir l’investissement.

    En 2015, Michel Van den Bossche, organiste titulaire, découvre un orgue Detlef Kleuker à vendre à l’église protestante de Bielefeld (Westphalie). Le 14 décembre de la même année, avec Guido Schumacher, facteur d’orgues à Eupen, il se rend sur place pour examiner l’instrument tant sur le plan technique que sur le plan musical. Un rapport circonstancié sur les qualités exceptionnelles de cet instrument est établi.

    L’ensemble des rapports est ensuite remis aux experts. La Commission des Orgues de l’Évêché de Tournai et la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles soulignent immédiatement que l’orgue de Bielefeld constitue une opportunité majeure et peut être considéré comme un maître achat à un prix raisonnable.

    Dès lors, toutes les procédures administratives sont enclenchées. La Fabrique confie au Bureau d’architectes Coster-Vanden Eynde d’Enghien l’introduction du dossier administratif et technique auprès de la Cellule de Maintenance des Orgues du SPW. L’Évêché de Tournai est sollicité pour obtenir l’autorisation de vendre une terre appartenant à la Fabrique d’église. Le dossier juridique est confié à Maître Laurent Snyers, notaire à Enghien. La Ville d’Enghien appuyant la démarche accorde les autorisations nécessaires et octroie un subside pour l’achat du nouvel orgue.

    L’année 2016 est faite de démarches, de réunions et d’interventions diverses auprès des autorités de tutelle afin que les deux dossiers puissent se conclure en même temps Mais les procédures administratives ont leur rythme propre malgré les urgences et les attentes des uns et des autres de vouloir finaliser au plus vite. Les organistes doivent encore prendre patience !

    Au vu de ces contraintes, Guido Schumacher achète l’instrument de Bielefeld. La Fabrique d’église tient à le remercier chaleureusement pour cette heureuse initiative. L’on peut ainsi démonter l’instrument dès le 29 août 2016.

    Début 2017, tous les dossiers sont finalisés et les travaux peuvent enfin débuter à Enghien. À partir du 16 janvier 2017, l’ancien orgue est démonté par la Manufacture d’orgues Schumacher. Ensuite, l’entreprise de construction Deschuyteneer de Meslin-l’Évêque procède à la démolition de la dalle en béton armé, à la restauration du mur porteur et aux travaux de plafonnage et de peinture.

     

    De l'ancien au nouvel orgue de l'église Saint-Nicolas d'Enghien

    De l'ancien au nouvel orgue de l'église Saint-Nicolas d'Enghien

    De l'ancien au nouvel orgue de l'église Saint-Nicolas d'Enghien

     

    Le 6 mars 2017, Guido Schumacher et ses techniciens débutent l’installation du Grand Orgue Detlef Kleuker, devant le vitrail des Anges Musiciens de Max Ingrand (1964). C’est assurément  un travail de très grande précision qui sera réalisé par une équipe professionnelle hautement qualifiée.

    L’acquisition de cet instrument d’occasion, remis à niveau dans les ateliers de la Manufacture d’orgues Schumacher, constitue indéniablement une plus-value pour le patrimoine de la Fabrique d’église de par ses qualités intrinsèques, sa valeur esthétique, son très bon état de conservation, sa taille et le type d’harmonisation qui correspondent parfaitement au volume de l’église Saint-Nicolas d’Enghien, sans oublier évidemment son prix abordable. Pour information, le Comité d’accompagnement souligne qu’un instrument neuf construit à l’identique coûterait environ 1 million d’euros TVA comprise.

    Cet achat constitue un véritable enrichissement du patrimoine organologique au-delà des frontières du territoire wallon et permet de remplir les fonctions majeures attendues d’un instrument d’une telle taille, soit l’accompagnement liturgique, la possibilité de jouer, comme par le passé, des concerts de haut niveau présentant des répertoires très variés ainsi que d’être un lieu où un enseignement musical de qualité pourra être poursuivi en collaboration avec l’Académie de Musique d’Enghien. La qualité de cet instrument permettra également d’attirer de grands artistes pour des concerts d’orgue seul ou d’orgue avec orchestre. Il satisfera les désirs musicaux de tous les mélomanes.

    La réalisation de ce projet très particulier et unique fut une véritable aventure humaine partagée avec beaucoup d’intervenants et partenaires durant plus de vingt ans !

    Au nom de la Fabrique d’église Saint-Nicolas d’Enghien, je tiens à remercier :

    • toutes les autorités de tutelle qui ont soutenu, dès le départ, le projet à savoir la Cellule de Maintenance du Patrimoine du SPW, l’Évêché de Tournai et la Ville d’Enghien ;
    • le Bureau d’architectes Coster-Vanden Eynde d’Enghien pour la constitution de tous les dossiers administratifs et sa vigilance dans l’exécution des travaux ;
    • l’Étude du notaire Snyers d’Enghien pour le volet juridique ;
    • Mr Decourcelle, expert de la Commission des Orgues de l’Evêché, et Mr Carlier, expert à la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles, pour leur indéfectible soutien ;
    • Guido Schumacher, responsable de la Manufacture d’orgues,pour toutes les démarches accomplies au nom de la Fabrique à Bielefeld et sa forte implication dans la réalisation ;
    • les organistes pour leur bienveillance et leur patience, ainsi que les sacristains de l’église pour leur grande disponibilité ;
    • tous les membres de la Fabrique d’église pour leur dévouement dans la gestion collective de ces dossiers ainsi que leur implication dans tous les autres dossiers de travaux actuellement en cours ;
    • les paroissiens d’Enghien qui durant plus d’un mois ont assisté aux services religieux dans une église non chauffée en hiver !

     

    Composition de la Fabrique d’église :

    • Jean-Paul Bellin, président du Conseil
    • Benoit Lobet, doyen d’Enghien-Silly
    • Pierre-François Declercq, trésorier
    • Marc Pirson, président des Marguilliers
    • Claude Verstraete, membre
    • Anne-Marie Dufour, secrétaire