• L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

    La Chapelle du Collège Saint-Augustin vue intérieure depuis le jubé (rénovée en 1954).

     

    L'orgue Klais du Collège Saint-AugustinPlacées sur la profonde et large tribune de la chapelle, les grandes orgues du Collège Saint-Augustin apparaissent au visiteur dans la richesse nue de leurs seize cents corps de métal (*).

    Pas de buffet. L'architecture à la fois simple et savante est obtenue uniquement par le rangement des tuyaux disposés en mitre d'évêque.

    La Pédale et le Grand Orgue, tout au fond, encadrent l'immense boîte à jalousies mobiles, qui protège et isole les jeux de l'Ancillaire. Cachant partiellement cette boîte, le Positif est placé en encorbellement au devant du jubé : un petit orgue en avant-garde à la manière des anciennes orgues de certaines cathédrales. L'ensemble prestigieux du Grand Orgue, de la Pédale et l'Ancillaire repose sur une vaste et solide armoire en chêne, sobre de ligne, aux multiples portes et qui dissimule ventilateur, soufflets, porte-vent, sommiers, tableau des fusibles, bibliothèque de l'organiste.

     

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

     

    Tel est le cadeau royal offert par les Anciens Elèves à leur collège lors des fêtes du "Cinquantenaire" en 1932, cinquantième anniversaire de l'installation du Collège dans les murs bâtis par le chanoine Deblander sur ses propres terres, 1, pavé d'Ath (**) .

    (*) Les pages qui suivent, dépendent d'un article signé "X.Y.Z.", Nos orgues jubilaires, paru dans la revue Heri et Hodie (février 1932, pp. 3-8) du Collège Saint-Augustin.

    (**) Voir au sujet de cette souscription Heri et Hodie, 1931, nos I, pp. 5-8,2, pp. 3-7,3, pp. 3-4 ; 1932, nos l, pp. 3-9 et 2, p. 29, totalisant la somme de F. 86.924,90 et sur les cérémonies de ce cinquantenaire honorées de la présence de S. Exc. le Nonce apostolique, Id., 1932, n° 3, 42 p. et 16 illust. dont une reproduction de l'orgue.

    L'instrument a été construit par la Maison Klais d'Allemagne. On peut lire en ouvrant la console la "carte d'identité" de l'orgue, une plaque de cuivre où il est écrit: Johannes Klais, Bonn. Orgelbaumeister Gegr., 1882. Opus 778 (*). 

    (*) Le numéro d'Opus de l'orgue est en fait 776 et non 778, comme indiqué dans l'article de G. Deffrennes. Les archives de la maison Klais ont été perdues fin 1944. Le "Livre d'atelier" a été sauvé. Il mentionne clairement  l'orgue d'Enghien comme Opus 776 et la cathédrale St. Hedwig à Berlin comme Opus 778. L'orgue d'Enghien a été achevé le 23 décembre 1931. L'instrument de Berlin a été achevé le 20 mai 1932. Les consoles de cette époque avaient généralement de petits carrés de laiton sur lesquels était estampillé le numéro d'opus à trois chiffres. Peut-être quelqu'un a-t-il fait une erreur en estampillant les plaques ou en les mélangeant. Les deux consoles étaient probablement à l'atelier à la même époque. C'est la seule explication possible. L'on voit clairement sur les photographies de l'orgue d'Enghien que le dernier chiffre du numéro d'Opus "8" a été regravé "6".

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

    Plaquette Enghien Plaquette Berlin

     

    Lorsque J.-S. Bach expertisait un nouvel orgue il commençait, dit-on, par éprouver son débit d'air. On le comprend. Le règlement de la soufflerie est chose capitale. Sans de l'air en suffisance, à la limite, les tuyaux resteraient muets.

    Ici le ventilateur électrique débite silencieusement à la minute 24 litres d'air condensé. Celui-ci est accumulé dans plusieurs réservoirs, sorte d'immenses soufflets, -les poumons de l'orgue- dont la pression est réglée par des poids bien calculés. Par différents porte-vent, l'air sous pression parvient aux sommiers.

    L'orgue de Saint-Augustin comporte six sommiers, deux pour le grand orgue, un pour le positif et l'ancillaire et deux pour la pédale. Il s'agit de boîtes oblongues hermétiques renfermant l'air comprimé qui ne pourra s'échapper que par les tuyaux. Mais il ne faudrait pas évidemment que tous parlent en même temps  ! C'est ainsi que, à l'intérieur des sommiers, se trouve un dispositif astucieux distinguant les différents jeux, d'une part, et les différentes notes, d'autre part. Le nom de "jeu" est réservé à l'ensemble des tuyaux offrant un même timbre: par ex., le jeu de trompette. Chaque tuyau correspond à une note précise, soit le do, soit le ré, soit le mi, etc. L'organiste appelle un jeu en actionnant de la console le registre correspondant. Il fait parler les notes en appuyant sur la touche adéquate du clavier.

    Toutes les commandes se font électriquement, la tension étant de 25 volts... 1.800 contacts électriques, 8.000 mètres de fils de cuivre doublement isolés et câblés par douze, 400 électro-aimants, des fusibles généraux et d'innombrables lamelles-fusibles.

     

    ***

     

    LA CONSOLE DE L'ORGUE du Collège est un meuble de chêne, fermant à volet à rideau, plaqué à l'intérieur de bois de luxe et sertissant deux claviers manuels de 56 touches chacun et le clavier pédalier.

     

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

    Trois combinaisons libres : elles permettent à l'organiste de choisir ses jeux et de préparer à l'avance divers ensembles qui seront utilisés au cours de l'exécution. Ces combinaisons offrent chacune un choix parmi 41 registres. Elles sont commandées (comme les trois suivantes) à la main, par un bouton, ou au pied, par une pédale.

    Trois combinaisons imposées c'est-à-dire établies d'office par le facteur d'orgue lors de la construction de l'instrument: piano, forte, tutti.

    Un rouleau qui s'actionne au pied et permet un appel progressif des jeux. Cet appel dans son déroulement est contrôlable sur un cadran. De plus, le règlement de ce rouleau établi par le facteur d'orgue peut être modifié par l'organiste à l'aide de 6 boutons de renvois et 6 boutons d'appels.

    La pédale automatique porte indûment ce nom car elle n'a ici rien d'automatique... Elle est simplement une possibilité de plus dans le choix des jeux pour le pédalier. Elle comporte huit registres et deux commandes générales.

    La pédale expressive actionne les jalousies mobiles de la boîte expressive. La liaison est mécanique. Elle permet de régler l'intensité des jeux de l'ancillaire, du moins des sons qui s'en dégagent.

    Les annulateurs, il en existe trois : l'annulateur général permet d'annuler les six combinaisons libres ou imposées, l'annulateur des anches, l'annulateur du rouleau.

    Les contrôles, il en est quatre: le cadran du rouleau, le voltmètre, la lampe témoin de la dynamo et celle du ventilateur.

    Interrupteurs, au nombre de deux : ouvert, fermé.

    Au total, c'est un peu spectaculaire et étrange pour le non-initié..., 305 points à manipuler et 4 contrôles, soit 112 touches aux claviers manuels, 30 touches au pédalier, 122 registres; 12 boutons ou pédales de combinaison, 10 registres pour la pédale automatique, 1 rouleau, une pédale expressive, 3 annulateurs et 2 interrupteurs.

     

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

     

    ***

     

    Les détails qui précèdent, évoquent le travail de l'artisan habile et honnête, parfois ingénieux. Rien ne peut être négligé : le moindre défaut peut avoir des conséquences désastreuses lors d'une exécution... Les jeux de l'orgue, eux, révèlent le génie de l'organier. Il faut les choisir, les distribuer intelligemment sur les sommiers, fabriquer les tuyaux, les faire chanter... Chaque jeu doit être réussi pour lui-même et il doit être intégré dans un ensemble, se combinant parfaitement avec le plus grand nombre possible de jeux différents, et réalisant avec tous les autres un tutti riche et équilibré.

    Le problème est différent chaque fois : on ne construit jamais deux orgues identiques. Le facteur doit tenir compte du financement de l'instrument, de sa destination, de la place dont il dispose, de l'auditorium dans lequel l'orgue est appelé à parler.

     

    LE GRAND ORGUE : 6 jeux, 504 tuyaux.

    L'orgue Klais du Collège Saint-AugustinFlanqué à droite et à gauche de la boîte expressive, il est diatonique : d'un côté, les tuyaux émettant les sons Ut, Ré, Mi, Fa dièse, Sol dièse, La dièse ; de l'autre, les sons Ut dièse , Ré dièse, Fa, Sol, La, Si.

    Le Cor de nuit de 16 pieds, bouché, à large diapason : 12 tuyaux de basse en bois et 44 tuyaux de métal (*).

    (*) C'est l'habitude, en ce qui concerne la hauteur des tuyaux d'orgue, de s'exprimer en "pied", mesure ancienne équivalant à environ 33 cm. Lorsqu'on parle d'un jeu de 16 pieds, cela signifie que le tuyau le plus grave du jeu, donc le plus haut, mesure 16 x 33 cm = 5 m 28. Un tuyau bouché au sommet donne un son à l'octave grave de ce jeu s'il était ouvert. Il faut savoir encore qu'un jeu de 16' parle à l'octave grave d'un jeu de 8'. Un jeu de 4' parle à l'octave aigu d'un jeu de 8', etc... Un orgue tout à fait complet possède des jeux de 32', 16', 8', 4', 2', 1'.

    La Montre de 8 pieds : 56 tuyaux de métal. Cette montre n'est-t-elle pas un peu lourde? J'ai eu l'occasion de poser la question à M. Klais en visite au Collège après la guerre 40-45, accompagné par le R.P. Kreps de l'abbaye du Mont-César à Louvain. Tous deux en convenaient. Or, ils avaient, l'un et l'autre, présidé à la construction de l'orgue, le premier en tant qu'organier, le second, comme conseiller. Kreps, à ce sujet, revenait sur une discussion qu'ils avaient dû avoir à l'époque, déplorant qu'une partie de la montre ait été construite en zinc (les plus longs tuyaux évidemment). Klais tentait de sauver la situation en affirmant que les tailles étaient bonnes mais que le jeu devrait être réharmonisé. Il refusait de diminuer l'intensité car ce jeu avec le prestant et la fourniture constituait la base du tutti...

    La Grosse Flûte de 8 pieds : 36 larges tuyaux en bois 20 dessus en étain. Cette flûte est admirable. C'est un des beaux jeux de l'orgue d'Enghien. Elle sert de flûte de 8' au pédalier et, à cet endroit, elle est douce et cependant puissante et lumineuse. Il faut l'écouter en solo.

    Le Salicional de 8 pieds : 56 tuyaux en métal, plus sveltes : les roseaux d'une flûte champêtre, salix. Jeu doux, céleste, aux sons lointains bien qu'il ne soit pas isolé par une boîte expressive. On le combine avec plaisir à certains jeux du positif ou de l'ancillaire ; le résultat est excellent.

    Le Prestant de 4 pieds : 56 tuyaux de métal bien mis en évidence. Ce jeu est appelé surtout à éclairer la Montre.

    La Fourniture de 4 rangs : Jeu de mutation de 224 tuyaux de principaux groupés quatre par quatre pour une même note : fondamentale, quintes et octaves avec leurs reprises. On la trouve en premières loges du G.O., de sorte que, rien n'y faisant obstacle, elle parle directement à l'auditeur.

    Tel est l'ensemble des tuyaux commandés par le premier clavier. Il n'y a pas de jeu d'anche au G.O.. Ce n'est pas nécessaire car l'organiste peut à sa guise y amener la trompette de l'ancillaire en 16', 8', 4', à la manière de la batterie française.

     

    LE POSITIF : 5 jeux, 476 tuyaux.

    Le Quintaton de 8 pieds. Ce jeu est un jeu bouché : 68 tuyaux de métal recouverts d'une calotte. Au départ, il s'agissait effectivement d'un quintaton. Peu après le placement de l'orgue, il a été transformé par l'harmonisateur de Klais en Bourdon de 8' (il n'y avait pas de bourdon dans cet orgue important !) Toutefois, le jeu a conservé, dans les octaves supérieures surtout, un léger "quintoiement".. : la sonorité est vieillotte et transparente.

     

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

    La Flûte pyramidale de 4 pieds: 68 tuyaux d'étain de forme conique.

    Le Flageolet de 2 pieds : 68 tuyaux de métal dont le plus grand mesure 66 cm (2 pieds). Ce jeu se marie admirablement avec le quintaton.

    La Cymbale de 2-3 rangs : 204 tuyaux d'étain dont les petits corps se groupent par deux ou trois pour une même note. C'est un jeu aigu donnant un bouquet d'harmoniques : fondamentale, quintes et octaves, se répétant par endroit. C'est l'ancienne cymbale. Ce jeu clair de sonnailles aigües a été placé en premières loges du Positif, comme la fourniture se trouve en premières loges du G.O. La raison en est identique. Pour l'époque c'était une originalité.

    Le Cromorne de 8 pieds, avec pavillons en cuivre, minces et cylindriques qui amplifient le son de la petite anche du pied en étain. Ce jeu rappelle le son de la clarinette mais avec un mordant plus agreste et un ton plus ferme. Timbre fort apprécié dans les siècles passés.

    Joué isolément, chacun de ces jeux a une netteté et une fluidité merveilleuse : on ne sait d'où vient le son qui se répand de tous côtés. L'ensemble, commandé de la console par le deuxième clavier, sonne comme un tutti de G.O. avec ses anches et ses mixtures. Rappelons qu'on peut amener ces jeux sur le clavier 1 en 16', 8', 4' et sur le pédalier en 8' et 4'.

     

    L'ANCILLAIRE : 8 jeux, 544 tuyaux.

    Situé au fond du jubé dans la grande caisse à jalousies mobiles. Cette boîte expressive est vaste et contient le groupe de jeux le plus nombreux de l'orgue. Le son que retiennent les jalousies fermées s'y joue librement en larges ondes. L'organiste peut à son gré déterminer l'intensité de ces sons en manoeuvrant une pédale (traction mécanique) située dans la console entre les claviers manuels et le pédalier.

    L'ensemble de ces jeux n'est lié nécessairement à aucun des claviers de l'orgue. Par contre, l'organiste peut à son gré les amener sur les claviers I et II et sur le pédalier comme jeux auxiliaires, de là le nom d'ancillaire. Ce système est une rareté bien commode lorsqu'un orgue ne possède pas trois claviers mais seulement deux.

    L'ancillaire sert de Récit de par le fait de la boîte expressive. Ajoutons enfin que cette boîte expressive abrite en outre 12 tuyaux de la Bombarbe de 16' qui est la continuation de la trompette de 8'. C'est logique... Ce qui porte le nombre des tuyaux à 556.

    La Montre-Violon de 8 pieds. Légère mais, ayant du corps, elle sert de jeu de base à l'ensemble de l'ancillaire. 68 tuyaux de métal.

    Le Cor de chamois de 8 pieds. Les tuyaux sont coniques et forment un jeu suave et distingué, le plus doux de l'orgue. 68 tuyaux de métal.

    La Flûte traversière de 4 pieds : 24 tuyaux en bois pour les deux premières octaves et 44 en étain. Cette dénomination de flûte traversière évoque l'idée de symphonie des flûtes telle que la pratiquait le 18e siècle ou l'ancienne flûte à bec, sucée comme une clarinette, rivalisait avec la flûte tenue en travers de la bouche, serrée sur la lèvre inférieure et embouchée par la lèvre supérieure de l'instrumentiste. L'organiste, ici, peut la faire dialoguer avec la flûte pyramidale de 4' du positif : l'effet est beau et pas ordinaire.

    La Flûte champêtre de deux pieds: 68 petits tuyaux d'étain.

    Le Cor de nuit ouvert de 1 pied : 68 tuyaux de métal relativement très larges. La hauteur du tuyau le plus grand est de 32 cm environ et sa largeur de 5 cm. C'est le jeu le plus aigu de l'orgue à ce point qu'il nécessite deux reprises dans les octaves supérieures. Jeu fin, lumineux, il fait scintiller les autres jeux...

    Le Nasard de 2 2/3 pieds donne séparément la troisième harmonique des jeux de fonds, la quinte. Il porte ce nom à cause de son timbre légèrement nasillard qu'il communique aux jeux avec lesquels on le mélange.

    La Tierce de 1 3/5 de pieds. Elle donne la cinquième harmonique des jeux de fonds. On ne la joue jamais seule ; on la combine avec d'autres jeux pour leur ajouter un timbre caractéristique bien connu des organistes.

    La Trompette de 8 pieds. Une trompette système français, bien harmonisée. Elle peut être utilisée en solo ou bien tenir une place d'importance dans les tutti. Et cela d'autant plus qu'on peut la faire parler en 16', 8' et 4'.

    Notons que ce récit expressif contient le sesquialter décomposé : nasard + tierce; l'ancien cornet décomposé: 8'+4'+2' +2'2/3+1'3/5. et l'ancien carillon lorsqu'on ajoute le 1'.

    L'ancillaire peut être amené sur le G .O. à l'octave normale, à l'octave aigüe et l'octave grave et, sur le positif, en 8' et 4'.

    L'ancillaire est pourvu d'un tremolo.


    LA PEDALE : 4 jeux, 66 tuyaux.

    Tout au fond, alignés contre le mur, des deux côtés des fenêtres ogivales actuellement bouchées, se trouvent les jeux réels de la pédale : 66 tuyaux de métal.

    La contrebasse de 16 pieds. Le plus grand tuyau de l'orgue mesure 5,25 m de haut et 0,35 de diamètre.

    La Grosse Quinte de 10 2/3 pieds: combinée avec les 16' elle crée l'illusion d'un de 32'.

    La Basse de 8 pieds.

    L'Octave de 4 pieds; elle est une continuation du précédent.

    La Bombarde de 16 pieds ; elle est une continuation de la trompette 8', ce qui explique qu'elle soit logée dans la boîte ancillaire.

    La Pédale emprunte :

    La Soubasse de 16 : c'est le cor de nuit bouché du G.O. Ce n'est donc pas une soubasse à proprement parler mais un bourdon de 16'.

    Le Bourdon de 8 pieds : il n'est pas réel ; c'est une utilisation des premières octaves de la Grosse flûte du G.O.

    La Pédale s'enrichit par :

    La tirasse du G. O.
    La tirasse du Positif en 8' et 4'
    La tirasse de l'Ancillaire en 8' et 4'.

     

    RECAPITULATION DES JEUX
     

    Grand Orgue

    Cor de nuit bouché 16'
    Montre 8'
    Grosse flûte 8'
    Salicional 8'
    Prestant 4'
    Fourniture 4r


    Positif

    Quintaton 8' - 4' - 16'
    Flûte pyramidale 4' - 2' - 8'
    Flageolet 2' - 1' - 4'
    Cymbale 2/3r - 2/3r - 2/3r= 6/9r
    Cromorne 8' - 4' - 16'

    Ancillaire, récit expressif

    Montre-violon 8' - 4' - 16'
    Cor de chamois 8' - 4' - 16'
    Flûte traversière 4' - 2' - 8'
    Nasard 2'2/3 -1'1/3 - 5'1/3
    Tierce 1'3/5 - 4/5' - 3'1/5
    Flûte champêtre 2'- 1' - 4'
    Cor de nuit ouvert 1'- 1/2' - 2'
    Trompette 8' - 2 '- 4'

    Pédale

    Contrebasse 16'
    Soubasse 16'
    Grosse quinte 10'2/3
    Basse 8'
    Bourdon 8'
    Octave 8'
    Bombarde 16'
    Tirasse G. O.
    Tirasse Positif + aigu
    Tirasse Ancillaire + aigu

     

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

     

    EN GUISE DE CONCLUSION...

    La date de naissance d'un orgue le situe dans l'histoire : chaque instrument est marqué par son époque. Qu'en est-il de celui du Collège d'Enghien ? 1932.

    L'orgue classique avait connu en Europe son apogée en 1680 et 1740 (*). Aucune transformation importante n'est à relever à partir de cette date. Il devait sa réputation au bel équilibre que les facteurs avaient su réaliser entre ces trois familles de jeux : fonds, mutations ou mixtures, anches.

    (*) Lire à ce sujet: NORBERT DUFOURCQ, L'orgue, Presses universitaires de France, Paris 1964, pages 45 et sq.

    L'instrument romantique qui devait le remplacer au 19e siècle, n'a pas manqué de mérite ni de grandeur. Certains orgues romantiques, en effet, sont de réels chefs-d'oeuvre. Mais le grand mérite du facteur romantique n'est-il pas d'avoir rendu plus maniable un instrument difficile à jouer, d'avoir amélioré la soufflerie et tout le débit de l'air, d'avoir séparé une console conçue désormais pour faciliter le jeu de l'interprète. Cet instrument a parfois bénéficié d'harmonistes remarquables, ce qui sauvait tout...

    L'orgue romantique portait cependant en lui deux germes destructeurs : on avait méconnu la couleur essentielle peut-être de l'orgue, à savoir les jeux de mutation, et on avait voulu faire de cet instrument un orchestre (dont il ne présentera jamais la souplesse). De cette double erreur s'aperçurent les artistes dès que l'on redécouvrit la musique de J.-S. Bach. Il fallait absolument revenir aux mutations... Et le mouvement, modeste au départ, prit très vite de l'ampleur. Victor Gonzalez (1877-1956), ancien disciple et ancien harmoniste du fameux Cavaillé-Coll (1811-1899), revient à la formule classique. L'orgue néo-classique est né, il sera comme une synthèse harmonieuse entre la tendance classique et la tendance romantique dont il ne négligera pas les acquis au point de vue de la facture. Le mouvement triomphe en France et dans la suite en Allemagne. Norbert Dufourcq qui a écrit de bonnes pages à ce sujet, cite comme facteurs de l'orgue néo-classique allemand : Walker, Steinmeyer, Kempe et Klais...

    Nous y voilà: l'orgue du Collège est un Klais et un néoclassique. On y trouve de nombreux et superbes jeux de mutation, un bon équilibre entre ces jeux et les fonds et les anches concourant à un tutti appréciable.

    Cet instrument néo-classique est-il resté à la mode ? L'enthousiasme de départ a fait place aux exigences des puristes. Sous l'influence des restaurations minutieuses d'instruments anciens protégés par la conservation du patrimoine et favorisés par un intérêt plus grand pour l'histoire et l'archéologie, on n'a juré que pour l'authentique ou, à la rigueur, la copie conforme: les organistes souhaitaient interpréter Bach sur des orgues baroques, César Franck sur des orgues romantiques, Widor et Vierne sur des orgues symphoniques... Mais on en revient car cette exigence, compréhensible à certains égards, est limitatrice. Aujourd'hui, de plus en plus, de jeunes organistes, semble-t-il, apprécient l'orgue polyvalent et ne dédaignent pas en être titulaire. Ils reconnaissent donc l'intérêt d'un orgue comme celui d'Enghien.

    En 1932 on construisait la plupart du temps des orgues à transmission électrique. Cela semblait commode, souple au toucher et permettant une multiplication des jeux par le fait des emprunts facilités et des octaves aigües et graves. Un instrument moyen devenait de la sorte -apparemment- un grand instrument. Le procédé est aujourd'hui délaissé et périmé. La préférence actuelle va à l'orgue à transmission mécanique, du moins pour les claviers. Le toucher en est tout autre, le contact des doigts de l'organiste avec les tuyaux est personnalisé.

    Souvent, les organistes en visite s'étonnent et interrogent: pourquoi cet ancillaire (chose très rare) et non pas un troisième clavier manuel ? La réponse est simple mais il faut la connaître. On voyait très grand au Collège d'Enghien. Les bâtisseurs de l'époque ont construit la salle d'étude immense, le hall d'entrée, les cuisines qui faisaient l'admiration... Ils voulaient de grandes orgues pour la chapelle. On raconte que l'évêché de Tournai aurait remarqué que deux claviers suffisaient pour un collège ! Peut-être pour un collège, mais pas pour tous les organistes ! Alors voilà, on a obéi, mais disons "intelligemment"... L'orgue possède deux claviers manuels; il possède les sommiers de trois claviers. On n'a pas manqué de créativité ! L'ancillaire, comme nous l'avons déjà expliqué, enrichit de ses jeux les deux claviers manuels existants et aussi la Pédale.

    Signalons enfin que cet instrument a été jusqu'ici conservé tel qu'il était à son origine. Jamais on n'a touché à l'harmonisation d'un jeu, jamais on n'a remplacé un jeu par un autre jeu. L'orgue a été simplement entretenu mais régulièrement, d'abord par la maison Klais ensuite par la maison Delmotte de Tournai. souhaitons longue vie encore à ce sexagénaire qui impose et mérite le respect (*).

    (*) N.D.L.R. L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin est actuellement entretenu par la Manufacture d'Orgues Benoît Marchand de Perwez-lez-Haillot.

    ...

    G. DEFFRENNES.
    Tournai - 1993.

     

    "Fanfare" de Jacques-Nicolas Lemmens.
    A l'orgue : José Dorval.
    Enregistré le 24 mars 2013 lors du concert organisé
    par
    l'Académie de Musique d'Enghien,
    à l'occasion de son 50e anniversaire. 

     

    L'orgue et la musique au Collège Saint-AugustinSources :

    • La musique au Collège Saint-Augustin - Chanoine Gérard Deffrennes - Heri et Hodie - 25e année – n° 1 – mars 1956 – pp. 21 - 26.
    • L'orgue du Collège Saint-Augustin - Gérard Deffrennes - Annales du Cercle Royal Archéologique d'Enghien - Tome XXIX - 1993-1994 - Tiré à part - pp. 3 - 15.
    • Photos : Benoît Marchand, Carine Wastiels - Catherine G. Beeckmans.
    • Documents de Serge Debacker, arrière-petit-neveu d'Emile De Backer (1878-1945), prêtre, Docteur en Philosophie et Lettres, érudit professeur et préfet des études au Collège Saint-Augustin d'Enghien, organiste, pianiste et compositeur,

     

    L’abbé Deffrennes est né le 5 avril 1920 à Antoing. Il a été ordonné prêtre le 21 mai 1944. Il a été professeur au Collège Saint-Augustin d’Enghien jusqu’en juillet 1950. En plus de sa charge professorale il a été préfet des études jusqu’en juin 1982. Il a été ensuite chanoine titulaire de la Cathédrale de Tournai. Il est décédé le 3 janvier 2001, à Mont-Godinne. Ses funérailles ont été célébrées le samedi 13 janvier 2001 en l'église Saint-Jacques à Tournai.

    Voir les articles sur l'abbé Gérard Deffrennes :

    • Départ du Collège Saint-Augustin en 1982 (J. Pottiez, principal)
    • Décès de l'abbé Deffrennes en 2001 (J.-M. Willot, principal)
    • Décès de l'abbé Deffrennes - Extrait de l'homélie funèbre prononcée par le chanoine Michel Dayez, ancien doyen d'Enghien.

     

    Source : "Orgues de Wallonie", vol.2, t.3, pp. 28-29 - Notice de Roland SERVAIS, Ministère de la Région Wallonne, DGATLP, Jambes, 1997.

     

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

    L'orgue Klais du Collège Saint-Augustin

    La Chapelle du Collège Saint-Augustin avant restauration (1921)